John Cassavetes (1929–1989)

Tenter de résumer Faces est une gageure. Disons que c'est une succession de crises, composées de fous rires, de déchaînements de colère , d'envies de danser ou de mourir (éthyliques dans les deux cas de figure), de mauvaises blagues. Tout ça se passe dans un milieu bourgeois qui s'ennuie et qui a besoin de s'encanailler.
La manière de tourner, la mise en scène, le cadrage, l'impression d'improvisation permanente font de ce film une petite révolution cinématographique en 1968. C'est résolument nouveau et innovant.
En somme, Faces fait partie de ces marqueurs incontournables du cinéma, si efficace dans sa manière cynique de filmer la bêtise, la grossièreté et l'hystérie permanente qu'il en devient régulièrement à la limite du supportable pour le spectateur.
Les acteurs sont exceptionnels ; mention spéciale à John Marley.… (mere)

Un homme confie son jeune fils Reuben, diagnostiqué retardé par plusieurs médecins, à un institut spécialisé accueillant des enfants porteurs de différents handicaps mentaux, dont des autistes et trisomiques.
Le psychiatre, fort bien intertéprété par Burt Lancaster, règne en maître sur l'institut, veillant à ce que le personnel ne déroge en aucun cas aux méthodes qu'il désire appliquer à ses protégés. Après avoir décidé de recruter une musicienne désabusée (formidable Judy Garland, vibrante de sensibilité), il s'aperçoit qu'elle s'est trop attachée au jeune Reuben et estime que ses manières d'agir ne sont pas conformes à ses propres idées de traitement. La référence aux méthodes vantées par Bruno Bettelheim est clairement énoncée lorsque le psychiatre dit à sa nouvelle recrue "Love is not enough!".
Le film (le troisième de Cassavetes) est particulièrement saisissant par le soin apporté aux scènes avec les enfants, en en faisant quasiment un film documentaire. Avec beaucoup de rigueur et de subtilité, John Cassavetes signe une oeuvre audacieuse qui se saisit intelligemment de la complexité de son sujet.… (mere)