> Annick de Souzenelle : ALLIANCE DE FEU. Éditions Dervy-Livres — Ce livre, ce joyau, s'offre à nous comme un regard nouveau sur la Genèse, à travers les six jours de la Création, analysés dans le texte hébreu.
Telle un mantra, chaque lettre hébraïque porte en elle une énergie vivante qui irradie, pénètre et sculpte celui qui la contemple. Elle éveille notre conscience à la perception d'un aspect des lois ontologiques de la vie. Chaque mot, chaque verset se présente comme un faisceau organisé de ces énergies. Les structures de la grammaire hébraïque nous libèrent ainsi de nos cocons d'ignorance, nous modèlent dans les profondeurs de notre être, nous informent (donnent forme à l'intérieur de nous à la vie…) du Verbe divin Yod Hé Wah Hé : la genèse est avant tout l'histoire de la génération actuelle de l'Etre en chacun de nous. Pas de passé, de présent ou de futur dans la grammaire hébraïque : seul compte l'insaisissable instant actuel, lourd de sa potentialité d'accomplissement.
Toute vie est un potentiel à accomplir - accomplissement de nos « terres » intérieures encore inexplorées, de nos champs de conscience encore immergés dans les ténèbres de l’ignorance, de l'immâturité. L'arbre de la Connaissance de l'Eden n'est donc pas celui du bien et du mal, du jugement et de la condamnation ; mais bien celui de la Connaissance accomplie, intégrée, celle que je deviens - ou de la connaissance non encore accomplie, cette accumulation de savoir non intégré que d'aucuns (Ramana Maharshi) qualifient d'« ignorance savante »… Le dernier fruit de l’arbre ne sera mûri et recueilli que lorsque la « lumière » (cette Connaissance que je deviens) aura réellement épousé la totalité des « ténèbres » (mes réserves, dont j'ignore encore le potentiel).
Que sont ces épousailles ?
Ce n'est pas qu'Adam soit lumière, et Ève ténèbres, que les hommes soient des connaisseurs et les femmes des ignorantes - comme l’imposa longtemps le préjugé judéo-chrétien issu d'une « demi-compréhension » (mal intégrée… des dangers d'une pomme pas mûre… !) qu'Annick de Souzenelle s'attache à démasquer.
Son analyse nous amène à discerner que l'humain, créé au sixième jour « mâle et femelle », est celui (homme ou femme) qui fait « oeuvre mâle » en se souvenant de son « féminin », cette réserve d'énergies encore inexplorée, immergée dans ses propres profondeurs - dont il devra s'informer. Être mâle, explique encore Annick, c'est être conscient de ce que notre connaissance actuelle n'est pas totale lumière, c'est être conscient de nos limites, nos faiblesses actuelles, et « se souvenir » (Le mot hébreu « mâle » est aussi le verbe « se souvenir ».) de la réserve force-lumière encore immergée dans les ténèbres de notre ignorance, pour la pénétrer, en faire jaillir une nouvelle force, une plus grande lumière (compréhension). Celle-ci, à son tour, permettra de descendre plus profondément encore jusqu'au noyau, germe divin, dont est lourd notre « féminin ». Le monde féminin est lié au mystère des ténèbres, et porteur de l’information potentielle (du non encore connu), gravide de Y.H.W.H. le Verbe, cette Force agissante qui conduit l'évolution de la Manifestation créée… Non pas un « Dieu jaloux et vengeur » comme on se l'imagine à tort. Les lois ontologiques de la Nature ne se vengent pas de nous. Elles sont simplement incontournables. Pour celui qui ne les « épouse » pas (qui ne s’y harmonise pas) chacune de ses actions porte en elle-même sa sentence. Notre ignorance, notre immâturité intérieure sécrètent elles-mêmes les obstacles apparents de notre vie…
… Voici poindre le phénomène de résistance, le gardien du seuil, parfois appelé « le Satan ».
La nature de l’humanité est essentiellement Désir. Car l’humanité est pétrie du désir de Dieu pour elle, sa future épouse. Or, l'appel du Nom, Y.H.W.H. est irrésistible. Et le Nom se cache dans les profondeurs de l’insondable et terrifiante réserve de nos potentialités non encore accomplies - terrifiantes pour l'égo vaniteux qui ne regarde que ses acquis par lesquels il se valorise, et qui projette en ses réserves « d'inaccompli » qu’il ne veut pas reconnaître le « dragon » des profondeurs…
L'humanité a le choix, le libre arbitre, de diriger son désir vers toutes sortes de sécurisations extérieures (mais alors elle perd vainement ses énergies, rencontre la souffrance, l'insécurité, et la stérilité) - ou le choix d’orienter son désir vers sa transmutation intérieure (et accomplir sa Divinité Rayonnante). Tout désir est en profondeur, si inconscient qu’il paraisse, désir d'Accomplissement.
La résistance à Dieu vient de Dieu ! Ces obstacles apparents que nous nous posons à nous-mêmes, par ignorance, nous forgent à une nouvelle dimension d'Être pour que nous développions la vigueur et la capacité de nous émanciper de notre esclavage aux sécurisations extérieures ; pour que nous développions la capacité d'assumer notre libre arbitre avec une véritable compréhension intérieure. Ainsi, le serpent, cet animal rampant dans la poussière (multitude de nos énergies potentielles) pourra se redresser et devenir l'Arbre de Vie auquel s'est identifié le Christ.
Donc, l'Elohim, le Principe des principes, Celui que l'on ne peut même pas contempler (au-delà de tout ce que l'on peut concevoir), se limite, se condense pour participer à la Manifestation Créée. Nous ne pouvons contempler le Principe, l'Être, qu'à travers son Œuvre, l’Accomplissement de la Manifestation Créée. En manifestant la Création, sa « fille », Dieu en fait son épouse : Il contracte avec Elle une Alliance de Feu. Dans ce feu de l’Amour, Dieu, à travers les étapes de notre évolution intérieure, se cherche et se retire, pour se chercher encore (en chaque créature) jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'espace, de séparation, que nous ayons entièrement épousé la Volonté de Dieu. Dieu dépose dans le ventre de chacune de ses créatures le germe, Y.H.W.H. le Verbe, l'agissant intérieur qui pousse la Manifestation vers son accomplissement, sa pleine, totale Réalisation. (Armel DENOLLE). --Carnets du Yoga, janv. 1987

> ALLIANCE DE FEU Une lecture chrétienne du texte hébreu de la Genèse (Tomes I et II), de Annick de Souzenelle (Albin Michel, 2007). — Une invitation à une nouvelle lecture du Livre de la Genèse. Mêlant érudition et ferveur spirituelle, Annick de Souzenelle nous introduit dans une véritable « danse du sens », où s’allient la logique quasi mathématique de la langue hébraïque et la grâce d’une inspiration enracinée dans la tradition chrétienne. (Semi-poche)

> Babelio : https://www.babelio.com/livres/Souzenelle-Alliance-de-feu--Tome-1-Une-lecture-ch... (t1) et https://www.babelio.com/livres/Souzenelle-Alliance-de-feu--Tome-2-Une-lecture-ch... (t2)