Antoine Chainas

Dans la série des petits polars du Monde et de la SNCF, voici l’opus consacré à Montpellier. Une description bien sombre de cette ville méridionale. Une légende de pins que je ne connaissais pas mais qui me donne envie de musarder le nez en l’air.
Mais surtout une bien étrange nouvelle, bien loin du polar classique. Une histoire de l’après, une histoire qui se passe après l’histoire. Monsieur Z. est un pépiniériste sexagénaire, mais c’est aussi un ancien des « services », un de ces hommes qui a fait tout le sale travail qu’on lui assignait, sans question, sans remords. Voilà quarante ans qu’il a raccroché les gants, mais tout à coup, au détour d’une silhouette aperçue sur les bords du Lez, c’est tout le passé qui lui revient en mémoire, encore une fois. Une évocation amère des turpitudes de la politique locale, une évocation désabusée de la vie rangée d’un père de famille. On parle de meurtres maquillés en suicides, d’exécutions sommaires, mais on est bien loin du polar haletant. Titre énigmatique, peut-être pour dire que même un ancien tueur à gages peut espérer vieillir tranquillement dans un petit village du sud, pour une nouvelle tout aussi énigmatique et pas déplaisante du tout. Son originalité et son atmosphère particulière arrivent à faire oublier les digressions un peu trop longues sur les magouilles de la politique montpelliéraine et font passer un agréable moment de nostalgie avec un personnage que l’on n’imaginerait pourtant pas dans ce rôle. Une nouvelle décalée et réussie.… (mere)