> Freud est au prise avec un personnage qui dit être Dieu.
-- Voilà en résumé tout le débat sur l'existence ou non de Dieu. Une pièce de théâtre dont la lecture est une jouissance.
—Michel Lalancette, Montréal (ICI. Radio-Canada. ca)

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Vienne, 22 avril 1938. Le docteur Freud et sa fille Anna s'apprêtent à quitter l'Autriche. C'est en tout cas ce que désire fortement Anna. Mais son père ne semble pas abonder dans son sens. Pourtant, les troupes hitlériennes sillonnent la ville chaque nuit. Anna ne supporte pas le silence et l'immobilisme condescendant de son père. Quand les soldats de la Gestapo envahissent une fois de plus leur appartement, elle les provoque donc sciemment jusqu'à se faire embarquer. Commence alors pour Freud une longue, une très longue nuit d'attente et d'angoisse. Mais au lieu de passer ses heures dans la plus grande solitude comme il s'y attendait, un homme surgit dans son appartement. Qui est-il ? Que veut-il ? Des questions auxquelles Freud n'aura jamais de réponses claires. "Il" est un visiteur qui aime laisser planer le doute. Parfois homme, parfois Dieu, il oblige le psychanalyste à se remettre en question. Tout au long de cette confrontation, Freud, l'athée convaincu, refuse d'admettre que le visiteur puisse être autre chose qu'un déséquilibré. Car cette optique est tellement plus rassurante pour le psychanalyste. Un fou est un patient que l'on peut tenter de soigner. Mais si comme il le prétend cet inconnu est Dieu, Freud devrait ré-envisager toutes ses théories. Et pourtant, le doute revient sans cesse. Et si, malgré l'horreur de la situation actuelle, Dieu existait vraiment ? Que lui dirait-il ? Cette pièce de théâtre se dévore d'une traite. L'échange philosophique entre les deux individus est passionnant, et le contexte historique particulièrement bien choisi. Mais la fin m'a un peu déçue. J'ai retrouvé dans le dénouement l'homme de foi qu'est Éric Emmanuel Schmitt. Et si je ne eux lui reprocher ses convictions, j'aurais tout de même aimé qu'il laisse planer plus d'ambiguïtés. ( )