Album doux-amer où l'on raconte la triste histoire de Pepito, un nouvel élève se faisant harceler par de méchants garçons qui se moquent de son embonpoint. Déménagé depuis peu avec ses parents, il fait aussi la rencontre d'une fillette qui le trouve gentil et qui apprécie particulièrement ses bonbons. Mystérieux, Pepito ne se présente cependant pas en classe les jours de pluie et ne peut pas aller se baigner. C'est qu'en fait, Pepito est secrètement une pińata. Toujours coiffé d'un petit canotier, la panse bien rebondie, personne ne se doute de la fragilité de sa surface qui contient des bonbons. Lorsqu'il est pris par des garnements qui le suspendent à un arbre et le rouent de coups de batte de base-ball, Pepito se brise en deux et perd tout son contenu au sol. Margot le trouve ainsi et éplorée elle accepte, à sa demande, de le jeter à la rivière où il s'y dissoudra pour l'éternité. [SDM] Ce récit magnifique, mais troublant et tragique, présenté à mi-chemin entre l'album et le roman graphique, est illustré en trois couleurs, soit à la mine, au crayon bleu et au feutre rouge qui soulignent, entre autres, la forme de poire ou de quille du gros garçon ciblé pour sa différence. Les scènes s'y succèdent très simplement au fil de dialogues francs, parfois crus, qu'échangent les enfants entre eux ou entre Pepito et ses parents. Le tout est rédigé en caractères manuscrits à même les croquis. Des illustrations pleine page plus étoffées, des lettres reçues ou envoyées par Pepito ainsi que des pages presque sans texte ponctuent aussi cet ensemble qui se veut une allégorie des difficultés auxquelles sont parfois confrontés certains enfants affectés par ou embêtés pour leurs différences. À noter que ces dernières se doublent ici subtilement du fait que l'enfant est hispanophone. Le dénouement malheureux (qui suppose ici la mort ou la disparition assistée du gamin par la fillette), bien qu'il soit du domaine du merveilleux, mérite qu'on l'accompagne cette lecture, sinon d'explications, de consolations et de nuances. La couverture entoilée est de plus délicatement enluminée comme pour offrir un dernier hommage à cet être sacrifié, trop tôt disparu. [SDM]