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René Maran (1887–1960)

Forfatter af Batouala

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Omfatter også følgende navne: Rene Maran, Rene Maran, René Maran, René Maran, René Maran

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Kanonisk navn
Maran, René
Juridisk navn
Maran, René
Fødselsdato
1887
Dødsdag
1960
Køn
male
Nationalitet
France

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Qu’ils me laissent rire ! Un nègre n’es pas un homme comme les autres. Or je ne suis qu’un nègre, un nègre qui, par son intelligence et son travail assidu, s’est élevé à la réflexion et à la culture de l’Europe.
(p. 50, Chapitre 3, Partie 1).


Je ne sais pas, je ne sais plus et ne veux pas chercher à savoir quoi que ce soit. Ou plutôt, je ne sais plus qu’une chose : c’est que le nègre est un homme pareil aux autres, un homme comme les autres, et que son coeur, qui ne paraît simple qu’aux ignorants, est aussi compliqué que peut être celui du plus compliqué des Européens.
(p. 87, Chapitre 7, Partie 1).


C’est le deuxième livre de René Maran que je lis, après [Batouala], le prix Goncourt d’il y a tout juste cent ans revenu à la mode cette année. Batouala, un livre peu agréable mais qui révèle en creux le mal-être de l’auteur lui-même, ce nègre éduqué tiraillé entre ses deux cultures, qu’il traduit en deux allégeances irréconciliables, celle à la société à laquelle je veux intellectuellement appartenir et celle à la société à laquelle le revoit son reflet dans le miroir. Quand j’ai découvert l’existence de cet autre livre de l’auteur, présenté comme plus intime, republié cette année par les éditions du Typhon (après sa première publication en 1947) et préfacé par Mohamed Mbougar Sarr (qui n’était alors pas encore le prix Goncourt 2021, un autre noir, à cent ans de distance, et pas avec beaucoup d’autres entre les deux, étrange coïncidence, façon de se donner bonne conscience tous les cent ans ?), il ne m’a pas fallu longtemps pour l’acquérir et me plonger dedans.
Encore une fois, ce n’est pas vraiment un livre agréable à lire. Si, les descriptions le sont. René Maran écrit dans un style précis, où chaque mot est choisi (et ma liste de nouveaux mots s’est considérablement allongée !), les phrases polies longuement et avec précision, mais sans que jamais le style ne deviennent pédant ou précieux. René Maran montre toute sa culture et l’étendue de sa maîtrise du français, comme un signe qu’il éprouve les mêmes déchirements que son personnage, mais il arrive à faire cela avec une immense délicatesse, mettant dans chacun de ses mots son regard émerveillé sur la lumière, les odeurs, les mouvements de la mer.
L’histoire n’a pas cette même « contemplativité » douloureuse. Jean Veneuse aime, mais il aime une blanche (une Européenne, c’est intéressant, il n’oppose pas blanc et noir, mais Européen et nègre). Alors il s’interdit cet amour et s’éloigne, s’enferme dans sa solitude de nègre éduqué maudit. Le personnage de Jean Veneuse n’est pas particulièrement aimable (et son opinion sur les femmes est assez désagréable, mais bon, on va dire que c’est l’époque qui veut cela…), mais René Maran rend bien sa torture, son tiraillement. D’un côté sa couleur de peau et le racisme dont il est victime, pas un racisme ouvert, un « racisme ordinaire » comme on dit aujourd’hui, celui qui fait dire à un de ses amis parlant de lui : « Vous pouvez vous fier à lui. Vous verrez. C’est un nègre comme on voudrait qu’il y eût beaucoup de blancs. » (p.36, chapitre 2, partie 1). De l’autre, son éducation et sa culture, ses idéaux et ses aspirations. En cela il ressemble beaucoup à son auteur, qui a cru aux vertus civilisatrices de la colonisation et qui a déchanté dès ses premières affectations dans l’administration coloniale. Qui a cru aussi à l’élévation par la culture, mais a surtout trouvé dans les livres un refuge contre la solitude, et un aiguillon pour alimenter son ressentiment.

Il est difficile de faire la part des choses entre l’auteur et le personnage, même si René Maran a toujours nié le caractère autobiographique de ce texte. Comme dit sur la quatrième couverture, ce livre est celui du « racisme introjecté ». « Introjecter », un terme qui signifie « fantasmer qu’on possède une caractéristique qu’on a vue quelque part) ». Jean Veneuse fait preuve de racisme envers lui-même, se dévalorise pour la simple raison de sa couleur de peau, s’interdit de vivre et d’espérer parce qu’il est noir, et uniquement parce qu’il est noir.
Dans le même temps, il crée aussi une autre distinction, entre les cultivés et les primitifs. Il se sent différent, supérieur à ces Africains auxquels il voudrait apporter la culture. Ce n’est pas vraiment la colonisation en tant que tel qu’il critique, mais la colonisation telle qu’elle est pratiquée. Il croit à la supériorité de la culture européenne et n’en démord pas. Jusqu’à la dernière page du livre, il veut se conformer à l’image qu’il se fait du Blanc cultivé.
Un livre qui dérange. Un peu comme Batouala, mais avec plus d’intérêt. Plus intime, plus personnel. Agréable dans ses moments de description des paysages, désagréable lorsqu’il évoque des situations sociales, mais très utile pour réaliser ce que fait le racisme dans l’intime de la construction personnelle. Tout cela ce sont des questions très actuelles aujourd’hui, où tout est à la déconstruction des archétypes, et c’est pourquoi même si certaines parties du livre ont vieilli (les femmes, ah les femmes…), c’est une lecture utile, très utile. Je connais très mal le mouvement de la Négritude, dont René Maran est cité comme un précurseur même s’il n’a jamais voulu y être associé. Un mouvement de noirs intellectuels, comme l’était René Maran, un mouvement qui a tenté de se construire en agrégeant ses différentes composantes. René Maran m’apparaît comme quelqu’un de torturé, j’espère qu’il a su s’apaiser, qu’il a trouvé une paix. Une paix qui n’est pas dans ce livre, malgré les dernières pages, et qui je l’espère est possible.
… (mere)
 
Markeret
raton-liseur | Dec 21, 2021 |
Un roman précurseur de la négritude, il ne m’en faut parfois pas beaucoup plus pour me lancer dans la lecture d’un livre « que personne ne lit » (dixit P’tit Raton : « Non, mais toi, tu lis qu’des trucs que personne ne lit », à dire avec l’accent ado de base…). Et c’est bien parfois de lire ces livres, car on apprend souvent des choses. Ici, la lecture n’a pas vraiment été une partie de plaisir. Je n’ai pas aimé cette peinture de l’homme noir paresseux, sans projet (vous savez, l’Africain qui n’est pas encore rentré dans l’histoire, ça aussi c’est une citation connue) et porté sur le sexe (d’ailleurs, je plains le prof de français qui doit étudier ça avec ses élèves de lycée ou lycée pro. Les lectures à haute voix et les séances d’explicitation de vocabulaire doivent être scabreuses...). Mais c’est intéressant de lire ce livre qui a fait tant de bruit à l’époque, plus pour sa préface d’ailleurs que pour le livre lui-même. Car si la préface est ouvertement anti-colonialiste (et c’est embêtant quand c’est un fonctionnaire colonial qui l’écrit), mais le livre ne fait que décrire et la plupart des personnages (blancs ou noirs) ne sont pas particulièrement des personnages positifs.
Pas agréable à lire, mais intéressant. Intéressant de voir comment un Noir (René Maran est de parents guyanais et a vécu ses premières années dans les Antilles avant de faire sa scolarité dans l’hexagone, puis de débuter une carrière dans l’administration coloniale en Afrique de l’Ouest) décrit le colonialisme dans les années 20. Un Noir qui est des deux côtés : il est et se sent noir, mais il représente aussi le colon. Et ce que j’ai vu dans ce livre, c’est surtout cela, une personne tiraillée entre deux cultures, deux origines peut-être même, qui se bat intérieurement pour les réconcilier et qui n’y arrive pas. Cela rend la lecture intéressante, mais aussi d’une certaine façon poignante.
Un livre à lire pour ce qu’il dit de son auteur, donc, pour le contexte dans lequel il a été écrit, et pour la réaction qu’il a suscité. D’un côté un prix Goncourt, le premier attribué à un Noir (peut-être un signe de ce que les milieux intellectuels pensaient de la question noire et de la question coloniale à cette époque) et de l’autre une administration qui le pousse à la démission, qui sera suivie d’un relatif silence littéraire. Un témoignage historique, un livre qui fait réfléchir. Sur le chemin parcouru, sur le chemin qu’il reste à parcourir, et sur où j’en suis moi-même.
… (mere)
 
Markeret
raton-liseur | 3 andre anmeldelser | Jun 22, 2021 |
Batouala won the Prix Goncourt in 1921, the first time an African did so. It's been hailed as the beginning of African literature in French. It's composed of sketches of life in a West African village in today's Central African Republic. It both confirms and challenges stereotypes of Africans that were common among Europeans from this period. The main character Batoula is a village chief who goes through his daily rituals and rhythms of life. A plot unfolds around a young man who is attempting to have an affair with one of his nine wives - descriptions of sex border on the pornographic but not needlessly (an uncensored version of the novel did not appear until the 1930s). The book is a jazz-age artifact for a Parisian audience, smoky dark exoticism and lyrical improvisation. Anyway, Batoula tries to kill the young man but nature intervenes with the last word. The novel is dense with native vocabulary and seems authentic.

There is a lot going on in this novel. It sparked tremendous debate in the 1920s due to the Preface which is a scathing indictment of French colonialism, long before Things Fall Apart did the same for English literature. It also was a mirror of French attitudes towards the black Africans and by proxy French exotic desires. It inspired many essays and even books in defense of the French civilizing project in Africa and at home. Today it's not considered to be of high literary value, and since France is no longer colonizing Africa (if anything population trajectories have reversed) it's importance has become a matter of historical interest. Nevertheless, the rich African vocabulary, descriptions of flora and fauna, and the lyrical jazz-like improvised prose remain to its credit.
… (mere)
1 stem
Markeret
Stbalbach | 3 andre anmeldelser | Apr 10, 2019 |
I'm not sure what to make of this book. None of the characters were consistently sympathetic, and overall it seemed so pedantic in tone. But I can see for the time it was written it was startling in it's open portrayal of anti-colonialism among Africans. And there are moments when the characters' thought processes are amazingly clear, taking me inside someone else's thoughts and fears.
1 stem
Markeret
kaitanya64 | 3 andre anmeldelser | Jan 3, 2017 |

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